Un coeur simple : réalisme
Comme homme et comme romancier, Gustave Flaubert se trouve à la croisée de deux aspirations contradictoires : une tendance lyrique, héritée du romantisme, et une tendance réaliste, c’est-à-dire une obsession de dire le réel. Le premier « est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d'aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l'idée. ».Le réalisme de Flaubert se manifeste de diverses façons : recours à une importante documentation, goût prononcé pour la description (qui donne à voir le réel, qui est mimétique), refus des facilités du « romanesque » allant de pair avec l’usage d’une ironie féroce (à l’égard des rêveries littéraires d’Emma, des rêveries héroïques de Frédéric, etc.). Pourtant, il se distingue des autres romanciers réalistes par son souci du style : en effet, s’il veut comme eux « peindre le dessus et le dessous des choses », ce n’est pas au détriment du style,mais grâce à lui — le style étant, chez lui, ce qui rend possible l’art réaliste, puisqu’il est « à lui seul une manière absolue de voir les choses ».Ses romans, s’ils rendent compte de la réalité historique et sociale d’une époque, le font non pas sous la forme d’un tableau embrassant tout un horizon, comme la Comédie humaine de Balzac, mais à travers l’itinéraire (en forme d’échec) de ses personnages. C’est notamment le cas dans Madame Bovary (1857) et dans l’Éducation sentimentale (1869).Flaubert a passé sa jeunesse dans un milieu médical où l'obervation rigoureuse des phénomènes était de règle ,de là l'idée d'étendre à la psycholoie la méthode des sciences biologiques, c'est à dire de multiplier les observations objectives afin de peindre les choses dans leur réalité . La documentation est donc devenue la condition de son travail d'écrivain.Puisque ses romans s'inspirent, pour la plupart, d'évènements réels, contemporains ou historiques, il se livre à de vastes enquêtes : il recherche ce qu'étaient ses personnages, leur hérédité, leur conduite,