Un homme qui dort
Georges Perec

Le Nouveau Roman est un mouvement littéraire du XXe siècle. Ce terme de Nouveau Roman fut employé la première fois par Bernard Dort en 1953, puis repris deux ans plus tard, avec un sens négatif, par l'Académicien Émile Henriot dans un article du journal Le Monde en 1957, pour critiquer le roman La Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet. Le Nouveau roman regroupe les œuvres de quelques écrivains français - dont Georges Perec fait partie - ayant en commun de remettre en cause les caractéristiques du roman traditionnel (roman type balzacien). Georges Perec est l’auteur de différents ouvrages dont La Disparition (1969), roman dans lequel il crée la difficulté en écrivant sans la lettre « e ». En 1967 il écrit Un homme qui dort qui relate l’histoire d’un personnage gagné par l’apathie, par un vide intérieur.
Quel portrait psychologique du personnage ce texte construit-il ?
Dans un premier temps, nous montrerons les effets de l’apathie sur la perception du monde qui l’entoure, dans un second temps, nous détaillerons son influence sur le psychisme du personnage, sur la façon dont il se perçoit.

Un personnage qui perd tout lien avec son environnement
Il mène une vie monotone et passe ses journées dans l’oisiveté, sans but précis : « étendu, tout habillé sur la banquette les mains croisées derrière la nuque, genoux haut » l 4. On pourrait interpréter cette position comme celle d’un patient chez un psychiatre. Le personnage se confie au lecteur, à l’auteur, à lui-même. Par l’usage de la deuxième personne du singulier il interpelle le lecteur et il présente son cas comme un cas général susceptible d’être vécu par nombre de personnes. Il parle de ses sorties quotidiennes, il « traîne » l 15, cela pourrait être compris comme une tentative pour reprendre goût à la vie, mais il s’agit plutôt de confirmer pour lui que plus rien n’a plus ni de goût, ni d’odeur, ni de couleur, ni de volume sonore. Il perd les cinq sens. Le goût, car il mange des