Un "printemps des peuples" italiens ?
A l'issue du congrès de Vienne, dont l'acte final est signé le 19 juin 1815, le Chancelier et ministre des Affaires étrangères autrichien, Klemens von Metternich déclare : « l'Italie n'est qu'une expression géographique ». Il nie ainsi, dans un contexte de statu-quo et de domination autrichienne sur la majeure partie de la péninsule, toute idée de nation italienne.
L’Italie en tant que nation n'existe en effet pas encore, puisque son territoire est morcelé en sept États, dont trois (le royaume de Lombardie-Vénétie, le grand-duché de Toscane et la duché de Parme) appartiennent à l'Autriche. Le royaume de Piémont-Sardaigne est sous domination de la maison de Savoie, et le Royaume des Deux-Siciles sous domination des Bourbons. Les Bourbons sont quant à eux à la tête du duché de Parme et le pape Pie IX dirige les États pontificaux.
Déjà, en 1820-1821, puis en 1830 des voix s'élèvent ici et là dans les États italiens, manifestant un fort mécontentement à l'égard de la politique répressive et conservatrice autrichienne. La classe bourgeoise notamment fustige l'instauration de barrières douanières entre les différents États italiens et la politique protectionniste de l'Autriche, qui empêche l'instauration d'un marché unifié dans le péninsule. Cette révolte libérale pousse également le roi Ferdinand I à proclamer la charte de Cadix dans le Royaume des Deux-Siciles.
Ce sont, dès le mois de février 1848, les événements du « Printemps des peuples » qui, embrasant l'Europe, redonnent une puissante impulsion aux manifestations anti-autrichiennes.
Si l'on conçoit le « Printemps des peuples » à la fois comme l'aboutissement de l’idée d’un mouvement prônant des revendications libérales et une réforme des institutions sociales, et comme une nouvelle étape dans l’émergence de l’idée nationale, ou du « principe de nationalité », est-il alors légitime de parler de « Printemps des peuples » italiens à propos des années 1848-1849 ?