Unam sanctam
... « L'Evangile nous apprend qu'il y a dans l'Eglise et dans la puissance de l'Eglise deux glaives : le spirituel et le temporel. Quand les Apôtres ont dit : il y a deux glaives ici – ici c'est-à-dire dans l'Eglise – le Seigneur n'a pas répondu : c'est trop », mais « c'est assez ». Certes celui qui nie que le glaive temporel soit en la puissance de Pierre méconnaît la parole du Seigneur, disant : « Remets ton épée au fourreau ». Donc l'un et l'autre glaives sont dans la puissance de l'Eglise, le spirituel et le temporel, mais celui-ci doit être tiré pour l'Eglise, celui-là par l'Eglise, l'un par la main du prêtre, l'autre par la main des rois et des soldats, mais du consentement et au gré du prêtre. Cependant, il faut que le glaive soit subordonné au glaive, l'autorité temporelle à la puissance spirituelle, car l'Apôtre dit : « Il n'y a pas de puissance qui ne vienne de Dieu, mais ce qui est ordonné par Dieu ; en cet ordre n'existerait pas si l'un des deux glaives n'était subordonné à l'autre et en tant que son inférieur rattaché par lui à la catégorie suprême, car selon St Denys la loi de la divinité est que les choses inférieures soient rattachées aux supérieures par les intermédiaires. Il n'est donc pas conforme à l'harmonie de l'univers que toutes choses soient ramenées à l'ordre de façon parallèle et immédiate, mais seulement les plus infimes par des termes moyens, les inférieures par des termes supérieures. Que la puissance spirituelle l'emporte en dignité et en noblesse sur toute puissance temporelle, nous devons le reconnaître d'autant plus évidemment que les choses spirituelles l'emportent davantage sur les choses temporelles. Le paiement, la bénédiction et la sanctification des dîmes, la collation du pouvoir et la pratique même du gouvernement le font voir clairement à nos yeux. Car, au témoignage de la vérité il appartient à la puissance spirituelle d'instituer la temporelle et de la juger si elle n'est pas bonne. Ainsi se