Une mère mythique, divinisée
Colette chérit tendrement ses souvenirs d’enfance. Non seulement ils lui rappellent sa symbiose avec la nature, mais aussi sa mère à qui elle donne une sorte d’aura mythique tellement elle paraît extraordinaire. Sa mère la couvre d’affection. Elle lui a donné le sobriquet de « Beauté, Joyau-tout-en-or », montrant combien Colette est précieuse à ses yeux. Comme une mère nourrit son enfant, Sido nourrit Colette de son amour de la nature, de la campagne, de son jardin, de ses fleurs : « elle entretenait toute l’année des reposoirs de plantes en pots, géraniums rares, rosiers nains, reines-des-prés aux panaches de brume blanche et rose ».C’est donc elle qui initie Colette au jardinage et aux mystères de la nature.
Aux yeux de Colette, Sido a des pouvoirs surnaturels, ce qui fait d’elle une déesse souveraine. Grâce à ses pouvoirs, elle est capable d’offrir à Colette les choses qu’on ne peut que voir, des choses qui ne se passent pas de main à main telles que l’aube que Colette chérit :« j’aimais tant l’aube… ma mère me l’accordait en récompense ».
Aussi, Sido a une emprise sur toute la résidence. Elle sait tout, connaît tout, et peut tout contrôler. Grâce à son « ouïe, qu’elle garda fine », elle peut capter les « avertissements éoliens » et prédire une pluie ; et elle a toujours raison : « Il pleuvra ici dans deux ou trois minutes seulement. » De même, elle n’a pas besoin de rapport météorologique pour anticiper le dégel, il lui suffit simplement d’observer de près le comportement de sa chatte : « Pour un petit froid passager [...] la chatte se roule en turban, le nez contre la naissance de la queue. Pour un grand froid, elle gare la plante de ses pattes de devant et les roule en manchon. » Et comme une véritable déesse, elle remercie les personnes qui lui sont inférieures de leurs faveurs à son égard : « elle vouait à des génies subalternes, invisibles, une fraîche offrande. »
On remarque aussi que Colette ne parle pas de son père de