Une société policée
Introduction :
Il n’est pas un jour sans qu’on nous parle d’incivilités, de violences verbales, de manque de respect, d’impudeur, de manque de retenue, du refus de l’autorité quand il ne s’agit pas d’agressions physiques, du sentiment d’insécurité, et de « cités interdites » que les chauffeurs de bus n’osent plus fréquenter… C’est assez pour que l’on s’interroge sur l’évolution de nos sociétés, sur les modalités des conditions sociales d’existence. Et nous ne pouvons guère faire l’économie d’une réflexion sur ce qui est désirable, sur la société où il ferait bon vivre : une société dite policée.
Mais si l’on demande ce qu’est qu’une société policée, on saura qu’elle appelle la mise en oeuvre d’une construction politique qui rende possible la paix et la tranquillité, mais aussi le déploiement d’une vie sociale qui favorise la politesse et les bonnes moeurs, et puisse affronter les désordres et les maux de toute sorte avec intelligence et humanité.
Il nous faut donc comprendre comment, pour notre modernité, l’Etat de droit constitue d’abord la condition de possibilité d’une société dite civilisée (I). Cependant, il faut surtout expliquer en quoi l’éducation, une vie sociale apaisée, la douceur des moeurs sont possibles (II). On peut enfin montrer comment une société policée se refuse d’être dans une logique simplement policière pour affronter les problèmes de société (III).
I-Pour qu’il y ait une société policée, il faut qu’une société soit possible : il faut donc qu’on reconnaisse l’autorité des lois, et une force publique pour que les hommes puissent vivre dans la paix et la sécurité.
- On doit ici comprendre que les hommes sont appelés à se conduire selon la raison, qui est la faculté des lois. La conduite est réglée, sans entraver pour autant la puissance d’agir. Une société policée, c’est donc une société qui échappe à l’état de guerre généralisée, où - selon Hobbes - « l’homme est un loup pour