Usage de la darija dans la presse marocaine 2009-2010
Catherine Miller
TelQuel, numéro 34
L’Année marocaine 2010-2011 Rabat (Maroc)
Usage de la darija dans la presse marocaine 2010-2011 2010-2011
L’Année marocaine
Usage de la darija dans la presse marocaine 2009-2010
Catherine Miller Sociolinguiste, chercheuse au Centre Jacques Berque, Rabat
« Ceux qui continuent à dire « vous écrivez en darija » ne lisent pas Nichane », Sanaa El Aji, journaliste à Nichane de 2006 à 2009, interview du 19 mai 2009, Casablanca.
Entre le 9 septembre 2006 et le 7 octobre 2010, date de sa fermeture, l’hebdomadaire a été Nichane 1 souvent cité comme « Le » quotidien marocain écrivant en arabe marocain, ou « darija ». Avec un tirage à plus de 31 000 exemplaires en 2008 et une vente autour de 25 000 exemplaires, Nichane devient l’un des grands hebdomadaires arabophones marocains et apparaît comme la « success-story » œuvrant à la promotion de l’arabe marocain. Ce succès de vente s’accompagne de plusieurs procès ou menaces de procès (dossier des blagues en décembre 2006, numéro 14 ; éditorial de Ahmed Réda Benchemsi s’adressant directement au roi dans le numéro 113114 d’août 2007 et critiquant le discours royal du 30 juillet ; numéro de mai 2010 où Nichane raconte que la Princesse Selma a dansé pendant Mawazine, etc.) qui indiquent à chaque fois que la forme autant que le contenu pose problème. En effet, le dossier sur les blagues avait été publié quelques mois auparavant en français dans TelQuel sans soulever de problème. Dans les deux derniers cas, c’est l’emploi de mots dialectaux (fin ghadi biya khouya, « où m’emmènes-tu
mon frère », 2 pour s’adresser au roi et le verbe shta3 et non pas raqaṣ pour « danser » en parlant de la princesse Selma) qui sont considérés comme des atteintes à la dignité royale 3 . Si l’expérience Nichane a tellement focalisé l’attention et suscité les commentaires critiques ou enthousiastes, c’est, qu’avant même sa création, ses