Utopie de com
Société de l’information, société de la communication, mondialisation, ces expressions reviennent souvent tant dans le discours des médias que dans celui des hommes politiques. Elles correspondent à une description de la société dans laquelle nous vivons, mais aussi à un projet de civilisation, c’est-à-dire une utopie.
Pourquoi et comment la communication a-t-elle pris une telle importance ? Quels en sont les enjeux et les limites ? Ce sont les questions auxquelles Philippe Breton , anthropologue, chercheur au CNRS et auteur de nombreux ouvrages, se propose de répondre.
Pourquoi
Le passage de la communication du statut de simple outil à celui de valeur sociale est une réaction aux expériences traumatiques qu’a traversé l’humanité lors des deux guerres mondiales du début du XXe siècle : l’utilisation des gaz de combat, le génocide des peuples juif et tzigane, la déportation des homosexuels et des malades mentaux, l’utilisation de l’arme atomique.
Ce "retour de la barbarie" est venu violemment remettre en cause le lien entre progrès des sciences et progrès moral élaboré au XIXe siècle. Il n’a été possible que parce que ces différents projets ont été conduits dans le plus grand secret. La solution semble donc s’imposer d’elle-même : la transparence, c’est-à-dire une communication sans frein.
Comment
Après l’intense effort de recherche produit pendant cette "guerre de 30 ans" (1914 - 1944), les scientifiques s’interrogent sur l’usage que des êtres humains ont fait de leurs découvertes. Dans un contexte où le lien social est menacé, ils étudient les processus mentaux dans le but explicite de transférer à des machines la responsabilité des décisions les plus importantes.
L’acteur majeur de cette réflexion sera Norbert Wiener , mathématicien américain, dont le livre "cybernétique et société", paru en 1952, expose ce projet. Ces travaux se développent