Valse avec bachir
La grande originalité du film tient dans sa forme même. Le parti pris de l'animation permet d'éviter une succession d'interviews et l'insert de peu d'images d'archives (seule erreur du film, la présence effective de ces plans de cadavres à la fin, pour prendre inutilement en otage un spectateur conquis d'avance par le propos). Grâce à l'animation, le film explore l'imaginaire de la mémoire, incorporant au montage des scènes oniriques qui déréalisent la guerre du Liban, en adoptant le point de vue de ses acteurs et de ses témoins traumatisés par l'expérience de la violence, de l'absurde, de la mort. Une liberté créatrice et évocatrice servie par une mise en scène intelligente qui use autant des contre-jours, des ralentis, des accélérés, des surimpressions, des travellings et de la présence d'éléments du souvenir à l'arrière-plan du cadre. Autant de contamination du souvenir dans le présent qui rappelle ô combien la mémoire peut se montrer capricieuse lorsqu'elle se dérobe à la réalité et se confronte au poids du temps.
Ce qui frappe avant tout, c'est la technique employée : un mélange d'animation classique, flash et de 3D, le tout éclairé avec précision. Le film explore plusieurs palettes graphiques pour passer des scènes contemporaines à l'évocation de souvenirs incertains. Témoin, cette scène d'ouverture mettant