Venise dans venises
Le Souvenir d'une Ville ou la ville des souvenires ?
Dans son rapport au monde l’écrivain développe une relation particulière avec les lieux. Ville, désert, lac ou rivière peuvent être pour lui des symboles, des sources d’inspiration et même des confidents. Ces lieux peuvent aussi avoir des ressemblances et même des correspondances. Et on voit un lieu se multiplier en rappelant un autre. Ainsi, Venise peut devenir Venises, titre qu’a choisi Paul Morand pour parler de la ville italienne qui a ébloui un grand nombre d’écrivains français, les voyageurs en particulier. Ce récit de voyages et de souvenirs présenté sous forme d’un journal, rassemble une panoplie de tableaux de cette ville. La sérénissime, curieusement au pluriel, nous pousse à réfléchir sur la place qu’elle occupe aussi bien dans la vie intime du diplomate que dans son œuvre. Venises est-elle les images d’une ville ou plutôt les pages d’une vie ? Dans notre étude de ce sujet on se propose de s’intéresser dans un premier temps, à l’image de Venise aux yeux de Paul Morand. On mettra l’accent sur le pouvoir attractif de cette ville ainsi qu’à son pouvoir évocateur et au rôle de confidente qu’elle a l’air de jouer. Ce n’est qu’en deuxième temps qu’on se propose d’analyser l’image de Venise en tant qu’un lieu de souvenir. On mettra en relief l’atemporalité de ce lieu et son rapport avec l’écrivain l’Histoire et le monde. On s’efforcera de même à souligner la fonction de repère temporelle que semble jouer la sérénissime. Pour finir, on s’attardera sur le rapport qu’établit l’auteur entre Venise et Paris. I. Venise aux yeux d’un voyageur passionné : 1908 fut le premier embarquement de l’écrivain en Italie. Le choix de Venise comme première destination trahit sans doute la passion démesurée du diplomate français pour l’art et la peinture, bref sa passion pour la beauté. Venise, en réalité, lui procurer une grande matière de