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Comme T.S Eliot l'avait une fois remarqué « Entre l'idée et l'acte tombe une sorte d'ombre ». Et c'est de cette ombre dont je parle en ce moment précis, alors même qu'elle s'empare de chaque conteur depuis des temps immémoriaux. A savoir : pourquoi est-ce que je raconte tout cela? Le conseil de libération conditionnelle, le gouverneur, les tribunaux ont parlé, et franchement l'essentiel de leur message est que je suis un genre d'induvidu dépourvu de cœur.
Le suis-je ? Je suppose que c'est pour trouver cette même réponse que tout le monde écrit. Et donc, de la même façon qu'un homme, à qui la vue fait défaut, tiendra son journal plus loin, et non plus rès pour le lire ; les gens en général, et moi particulièrement, ont fait d'une habitude le fait de retranscrire leur vie sur le papier. Jusqu'ici ça va, vous dites, mais ensuite quoi ? Une fois que l'histoire est enfin couchée sur le papier, que reste-t-il a dire ? Que X était un meneur d'hommes ?Y, un corrupteur des jeunes ? Z, un ami des aveugles ? K, une personne qui s'éleva d'humbles débuts, par un travail acharné et une bonne chance, pour devenir (remplir le blanc) avant qu'il ou elle ,ummm, ne meurt ? Quelle mesure impossiblement grossière pour un paquet aussi complexe fait de coups de feu neuraux, de raccrochages émotionnels, d'incohérences, de gênes, d'environement, de mauvaise éducation, comme nous le sommes tous ! Et puis, même en supposant qu'on fait parti de ces chanceux qui peuvent dire « Ah, ah ! Voilà qui je suis ! ». Combien de temps encore faut-il avant qu'il avant qu'il nous faille ajouter « Et alors ? ».