Que pourrions-nous dire sur Cicéron, qui n'ait été dit avant nous et mieux que nous ne saurions le faire ? La vie qu'on va lire est d'ailleurs un tableau complet. On y voit un homme plus remarquable par l'étendue et par les facultés extraordinaires de son intelligence que par le caractère et par la pénétration. Si Cicéron avait été plus homme d'action qu'orateur, il eût, donné moins de prix aux louanges et il eût accordé moins de confiance aux promesses. Il fut dupe des unes et des autres. Plaignons-le d'avoir vécu dans des temps où la ligne de conduite à tenir pour un bon citoyen était quelquefois aussi peu nette que périlleuse. L'orateur put se tromper ; mais animé d'un sincère et profond amour du bien, il n'eut d'autre guide que la voix de sa conscience. Sa lutte contre Catilina n'est pas seulement un triomphe oratoire, c'est une action courageuse dans laquelle il a exposé sa vie, et sauvé les institutions républicaines. Il échoua contre César et contre Octave ; mais tout conspirait pour eux. Le pouvoir d'un seul était devenu le vou des peuples et la nécessité des temps. Rappelons quelques-unes des dates de la vie du grand orateur romain. On place en 107 la naissance de Cicéron. Il avait 21 ans lorsqu'il fut envoyé eu Sicile ; à 37 ans, il prononça les Verrines. Son consulat occupe l'année 63 av. J.-C., et il mourut le 7 décembre 43, à l'âge de 64 ans.
I. La mère de Cicéron se nommait Helvia : elle était d'une famille distinguée, et soutint, par sa conduite, la noblesse de son origine. On a sur la condition de son père des opinions très opposées : les uns prétendent qu'il naquit et fut élevé dans la boutique d'un foulon ; les autres font remonter sa maison à ce Tullus Attius qui régna sur les Volsques avec tant de gloire. Le premier de cette famille qui eut le surnom de Cicéron fut un homme très estimable ; aussi ses descendants, loin de rejeter ce surnom, se firent un honneur de le porter, quoiqu'il eût été souvent tourné en ridicule. Il vient d'un mot latin