Vignette - tranche de pratique
Impossible de travailler avec une famille ! De penser qu’il fallait aller la voir me faisait mal au ventre et m’angoissait. J’ai demandé un relais en équipe et ai expliqué mes raisons. Celles-ci étaient que de voir la manière dont la mère traitait ses enfants (2 garçons de pères différents) l’un qu’elle dorlotait, nourrissait et choyait, l’autre qu’elle ignorait, insultait et rejetait en permanence, me rappelait quelque chose de ma propre vie. Q’un enfant soit le « vilain petit canard »[1], porteur d’une histoire qui n’était pas la sienne, me mettait mal à l’aise devant cette mère. Bien que sa propre histoire soit difficile, elle n’avait pas à la faire porter à son enfant.
J’étais en capacité de l’expliquer et ai osé le faire en équipe. A mon grand étonnement, les retours des collègues m’ont abasourdie : « tu ne dois pas faire de transfert », « si tu n’y retournes pas, tu n’arriveras jamais à dépasser ça », « ça n’est pas professionnel » … J’ai été quelque peu déstabilisée par ces réactions auxquelles j’ai opposé le fait que je n’avais d’une part, peut-être pas envie de dépasser celà mais que si j’avais à le faire, je le ferais autrement qu’en me confrontant à cette famille et d’autre part, que mon travail n’était pas de me faire vivre une telle violence. De plus, c’était également risquer de mettre l’accompagnement en échec.
Je me suis très clairement exposée et, bien que comprise et aidée par d’autres travailleurs sociaux, j’en ai souffert. J’ai été jugée sur ma capacité à être professionnelle. J’ai été remise en question sur cette idée de bien faire son travail.
Et pourtant, au fond de moi, quelque chose me disait que mon comportement n’avait rien d’extraordinaire. Il n’était