Villes et campagnes au xvi
Sous l’Ancien Régime, la ville peut se définir par les murailles qui l’entourent, le nombre et la densité de ses habitants, ses institutions et ses privilèges, et enfin, le pouvoir qu’elle exerce sur le plat pays qui l’environne. En effet, diverses fonctions placent la ville au pôle supérieur d’une relation inégalitaire vis-à-vis de sa campagne. Cependant, la ville dépend du plat pays en ce qui concerne le ravitaillement et la démographie. Il est donc intéressant d’examiner ces rapports complexes entre la ville d’Ancien Régime et sa campagne et d’en dessiner l’évolution du XVIe au XVIIIe siècles.
UNE TRIPLE DOMINATION DE LA VILLE SUR SA CAMPAGNE
La ville domine le plat pays dans les domaines économique, financier et culturel. La domination économique de la ville comporte trois aspects : la rente foncière, le commerce et la production. La rente foncière traduit une forte emprise de la cité sur sa campagne. En effet, les terres agricoles appartiennent majoritairement aux citadins. La rente foncière augmente aux XVIe et XVIIe siècles, mais s’accroît encore plus au XVIIIe. Cette augmentation s’explique surtout par la dépossession des exploitants : ainsi la propriété paysanne passe de 25 % en 1550-1560 à 15 % au début du règne personnel de Louis XIV. En outre, la ville prélève plus qu’elle n’a besoin : vers 1700, elle prélève 20 à 25 % du produit agricole net alors que le taux de réinvestissement est faible, voire nul. Enfin, la rente foncière englobe aussi la rente sur l’État. Or, celui-ci s’endette tout au long de l’Ancien Régime et la cité rejette le poids principal des impôts sur la campagne. Ces trois éléments – augmentation de la rente, prélèvement exagéré et rente sur l’État – montrent que la ville fortifie son contrôle économique sur sa campagne entre le XVIe et le XVIIIe siècles. Les activités productrices constituent un autre aspect de la domination économique de la ville sur le