Villiers
DEUX
CRUAUTES 'FIN
DE SIÈCLE': LES
DE VILLIERS DE LIISLE-ADAM ET
ECRITURES NOIRES DE LEON BLOY
On désigne par 'satanisme' un certain nombre de courants qui se sont développés au XIXème siècle, principalement en Angleterre et en France, dans l'orbite du romantisme. I1 s'agit toujours, pour les auteurs qui magnifient Satan ou qui modèlent à son image des héros révoltés, de faire entendre leur protestation contre un ordre social jugé inique, contre une morale hypocrite, contre une religion qui dégrade le sens du sacré, ou encore contre une esthétique qui a besoin de traitements de choc pour sortir du prosaïsme dans lequel elle s'enlise. Villiers de l'Isle-Adam et Léon Bloy, à mon sens encore trop peu étudiés, font partie de cette génération 'fin de siècle', comme il est convenu de l'appeler, c'est-à-dire d: cette génération désabusée, rêvant d'Idéal et ne trouvant sur terre que matérialisme et positivisme, bref infécondité spirituelle. En rapprochant ces deux auteurs, je vais tenter de montrer comment ils sont devenus les porte-parole des laissés-pour-compte de leur époque. Je m'interrogerai par conséquent sur ce que j'appellerai leur écriture & la cruauté à travers les Contes cruels de Villiers et Le Désespéré de Bloy. Nous verrons que si le fond de leur pensée est identique, tous deux, qu'ils suscitent ou non le rire, ne critiquent pas de la même façon le monde dans lequel ils évoluent. Ce qui nous permettra en finale de préciser le concept d'écriture de la cruauté en distinguant 'écriture à anathèmes' et 'écriture cruelle'.
Une cruauté vécue dans la chair
Villiers de l'Isle-Adam et Léon Bloy font partie de ces écrivains qui passèrent leur vie à combattre simultanément la précarité de leurs conditions d'existence et de leur statut d'hommes de lettres. Aucun des deux n'eut en effet ie loisir de vivre de sa passion et d: son métier d'écrivain. Habitant le plus souvent dans des lieux insalubres, ils travaillaient dans des conditions déplorables.