Vivre au village
Le 7 avril 1676, le curé de la paroisse de Goodnestone-next-Wingham renvoie à l’archevêque de Canterbury qui lui demandait combien de ses paroissiens venaient communier les résultats d’une enquête singulièrement détaillée. Il y avait 62 feux et 277 habitants à Goodnestone. La taille moyenne d’une maisonnée est donc de 4,47 personnes.
2/3 des gens (179 sur 277) vivaient dans les maisonnées de la Gentry et des yeomen et même si les hommes de métier, les journaliers et les pauvres constituaient 33 familles, ils ne représentaient que le tiers restant. La majorité de la population vivait donc dans de grandes maisonnées. 52 personnes (soit 18% de la population) étaient des domestiques au service des gentlemen et des yeomen. 23 personnes vivaient au manoir tenu par l’Ecuyer Edward Hales, le gérant d’une famille de marchands londoniens, les Pennington, auxquels le manoir appartenait. Le Squire était de loin la personne la plus importante du village. Sa supériorité était symboliquement marquée par les murs qui entouraient le parc du manoir, par le garde chasse qui empêchait les paysans de braconner sur ses terres et par le banc qui lui est réservé à l’Eglise. Vivaient encore au village deux familles nobles, probablement satellites de celle des Hales. Au total, il y avait en fait 12 personnes de naissance aristocratique à Goodnestone, ceux là seuls étaient complètement alphabétisés et avaient une certaine connaissance du monde extérieur au comté. La terre du village cependant, n’était pas cultivée par les Hales mais par une douzaine de familles de Yeomen et de Husbandmen (plus d’une centaine de personnes). Les journaliers et les pauvres étaient enfin au nombre de 63, les artisans (charpentiers, briquetiers, tailleur, épicier, couvreur en chaume) au nombre de 35.
Une telle description statistique d’un village anglais du XVIIe siècle permet-elle de définir la vie typique d’un village de l’Europe