Voie d'économie de l'inde
Sophie Chauvin & Françoise Lemoine*
p. 70-83
L’Inde fait partie des pays en développement dont la croissance économique a été la plus forte au cours des vingt dernières années. Avec une taille démographique comparable à celle de la Chine, mais un système politique et une stratégie économique fort différents, elle se profile comme l’un des futurs géants de l’économie mondiale. Cependant, la victoire du Parti du Congrès aux élections législatives de mai 2004 a été une surprise. Les urnes ont démenti la vision d’une « Shining India » mise en avant dans la campagne électorale par la National Democratic Alliance, au pouvoir depuis 1998. Les succès économiques dont se prévalait la coalition sortante n’ont pas suffi à masquer aux yeux de la majorité de la population indienne les déséquilibres qui les ont accompagnés : stagnation du secteur rural, déficiences des infrastructures, inégalités croissantes. La mise en place de la nouvelle coalition, la United Progressive Alliance, a fait naître certains doutes sur la poursuite de la politique économique engagée depuis le début des années 1990, en raison des divergences entre les partis politiques qui la composent. Cependant le Programme commun minimum sur lequel ces partis se sont mis d’accord ne devrait pas remettre en cause les réformes initiées en 1991 sous l’égide du Parti du Congrès et de M. Singh, nommé Premier ministre du nouveau gouvernement. La croissance de l’économie indienne Au début des années 1950, l’Inde nouvellement indépendante s’engage sur la voie socialiste, avec comme double objectif le développement et l’indépendance économiques. Cette stratégie confère un rôle important à l’État ; elle se traduit par la nationalisation de certains secteurs (télécommunications, réseau ferroviaire), l’augmentation des investissements publics dans les infrastructures et la planification de l’activité économique.
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Sophie Chauvin est économiste au CEPII. ; Françoise Lemoine est