Voltaire et pascal
Introduction :
Voltaire devait un jour rencontrer sur sa route Pascal, en qui va se résumer à ses yeux tout ce qui fait obstacle à l’épanouissement et au bonheur de l’homme sur terre. Comment, s’apprêtant à chanter dans le Mondain la joie de vivre dans une société civilisée et raffinée, ne s’opposerait-il pas à ce héros du Jansénisme ? On comprend qu’il ait ajouté à ses Lettres philosophiques , où il célèbre la découverte de la liberté qu’il vient d’expérimenter en Angleterre, un addendum concernant Pascal. Il y songe dans une lettre écrite aux alentours du 1er juin 1733 à son ami Formont, dans laquelle il s’exprime en ces termes : « Je viens de relire ces Lettres anglaises, moitié frivoles, moitié scientifiques. Me conseilleriez-vous d’y ajouter quelques petites réflexions détachées sur les Pensées de Pascal ? Il y a déjà longtemps que j’ai envie de combattre ce géant. Il n’y a guerrier si bien armé qu’on ne puisse percer au défaut de la cuirasse ; et je vous avoue que si, malgré ma faiblesse, je pouvais porter quelques coups à ce vainqueur de tant d’esprits, et secouer le joug dont il les a affublés, j’oserais presque dire avec Lucrèce Quare superstitio pedibus subjecta vicissim Obteritur, nos exaequat victoria caelo . » L’Angleterre a révélé à Voltaire la possibilité, relativement optimiste, d’une société où il fasse bon vivre pour un homme de goût épris de liberté : Voltaire est, en effet, plus intéressé par la vie mondaine ( dans les deux acceptions du terme ! ) que par un ascétisme mystique. L’enjeu n’est pas tant de triompher sur un adversaire prestigieux que de contrecarrer son influence. Ainsi de nouvelles remarques s’ajouteront-elles en 1742 aux 57 premières, et un an avant sa mort, en 1777, Voltaire rassemblera encore 94 autres remarques : « De tant de disputeurs éternels, Pascal est seul resté, parce que seul il était un homme de