Voltaire, « L’Ingénu », 1767.

L’ingénu est un conte philosophique de Voltaire qui paraît en 1767 alors que l’auteur est déjà vieux. Cette histoire est présentée comme une histoire véritable tirée des manuscrits du Père Quesnel, un janséniste, preuve que Voltaire s’inscrit dans le débat religieux de son temps. L’ingénu, son personnage central, est un huron, qui débarque sur les côtes de Bretagne et qui retrouve des membres de sa famille. Le conte présente le choc des points de vue entre le sauvage et les mœurs civilisées et surtout la croyance des bretons et des français en général. Le présent extrait ouvre donc le conte et il constitue la rencontre entre les Kerkabon, couple fraternel empreint de religion, et le huron qui vient de débarquer en France.

LECTURE

Dans le cadre d’une démarche méthodique, nous montrerons comment l’incipit met en place le conte et la dimension satirique. Pour cela, nous soulignerons le fait que cet incipit est, en fait, un double incipit, puis en quoi cet incipit fonctionne sur la distanciation et enfin en quoi il porte en germe les thèmes développés après.

I. Un double incipit a. Les deux temps de ce début • L’histoire de Saint Dustan

→ Marqueur temporel : « Un jour ». → Utilisation du passé-simple : « partit », « vogua », « arriva », « fut », « donna », « fit », « retourna ».

• Mais interrompu par une deuxième histoire

→ Repère temporel : « En l’année 1689, le 15 juillet au soir » → Mention des nouveaux personnages : « l’abbé de Kerkabon et mademoiselle de Kerkabon, sa sœur ». → Indication de lieu : « les côtes bretonnes ».

Deux histoires bien distinctes avec des personnages différents, des lieux et les temps eux-même sont différents.

b. Qui s’inscrit dans un univers merveilleux

→ Personnification : « une montagne qui vagua ». → La coïncidence de la rencontre. → Le huron parle bien le français : Hasard ?

Il y a deux registres qui mettent en parallèle le monde