Xiaomei
La chatte métamorphosée en femme
Un homme aimait passionnément sa chatte ; Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate, Qui miaulait d’un ton fort doux. Il était plus fou que les fous. Cet homme donc par prières, par larmes, Par sortilèges et par charmes, Fait tant qu’il obtient du Destin Que sa Chatte en un beau matin Devient femme, et le matin même, L’homme en sottises en fait son épouse. Le voilà fou d’amour extrême, De fou qu’il était d’amitié. Jamais la dame la plus belle Ne charma tant son favori Que fait cette épouse nouvelle Son fou de mari. Il la caresse, elle le flatte ; Il n’y trouve plus rien de chatte ; Et poussant l’erreur jusqu’au bout, La croit femme en tout et partout, Lorsque quelques souris qui rongeaient de la natte Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés. Aussitôt la femme est sur pieds. Elle manqua son aventure. Souris de revenir, femmes d’être en posture. Pour cette fois elle accourut à point ; Car ayant changé de figure, Les souris ne la craignaient point. Ce lui fut toujours un appât, Tant le naturel a de force. Il se moque de tout, certain âge accompli. Le vase est imbibé, l’étoffe a pris son pli. En vain de son train ordinaire On le veut désaccoutumer : Quelque chose qu’on puisse faire, On ne saurait le réformer. Coups de fourche ni d’étrivières Ne lui font changer de manières ; Et fussiez-vous armés