Au XXe siècle

Au début du XXe siècle, Victor Hugo reste une gloire nationale et l'anniversaire de sa naissance donne lieu à de nombreuses manifestations officielles[170]. Le milieu artistique a cependant pris un peu ses distances. Le mouvement parnassien et le mouvement symboliste, en remettant en cause l'éloquence dans la poésie, se sont posés en adversaires de l'école de Hugo[171] et la mode en ce début de siècle est à une poésie moins passionnée[172]. La phrase d'André Gide, « Victor Hugo hélas », en réponse à la question « Quel est votre poète ? » à un questionnaire sur « les poètes et leur poète »[173], montre la double attitude des poètes du XXe siècle, reconnaissant à Victor Hugo une place prééminente parmi les poètes mais exaspérés parfois aussi par ses excès[174]. Charles Péguy, dans Notre patrie publié en 1905, n'est pas tendre envers le grand homme[175], l'accusant d'être un « hypocrite pacifiste »[176], disant de lui que « Faire des mauvais vers lui est complètement égal »[177] mais plus loin s'exclamant « quels réveils imprévus, quel beau vers soudain »[177] et parlant d'« entrainement formidable de l'image et du rythme »[178]. Saint-John Perse lui reproche d'avoir perverti le romantisme par son engagement politique[179]. On retrouve de son influence aussi bien chez des admirateurs comme Dostoïevski[180] que chez de violents détracteurs comme Jean Cocteau[181]. Vers 1930, Eugène Ionesco écrit le pamphlet Hugoliade et reproche à Hugo une éloquence masquant la poésie ainsi que sa mégalomanie[182].

Entre les deux guerres, c'est en sa qualité de révolutionnaire qu'il est apprécié par les gens de gauche (Romain Rolland, Alain) et exécré des réactionnaires (Charles Maurras[183]), c'est en sa qualité de visionnaire qu'il est apprécié des surréalistes[172]. Il est admiré par Aragon[184], par Desnos[185].

Durant la guerre, son image sert de porte-drapeau à la résistance[186],[172].

Au retour de la guerre, les passions s'assagissent, on découvre