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Zola donne à son roman un titre métaphorique : le mot « curée » renvoie à un terme de vénerie qui désigne la partie de la bête que l’on donne en pâture à la meute, sur le cuir même de la bête que l’on vient de dépouiller. Par extension, dès le XVIe siècle, la curée désigne une ruée avide vers les biens, les places et les honneurs laissés vacants par la chute d’un homme. Trois occurrences du mot sont présentes dans le roman : « ses narines battaient, son instinct de bête affamée laissait merveilleusement au passage les moindres indices de la curée chaude dont la ville allait être le théâtre » (chapitre 2) ; « c’était l’heure de la curée ardente » (chapitre 4) ; « elle ne se sentait pas d’indignation pour les mangeurs de curée » (chapitre 6).
Ce terme est avant tout symbolique et métaphorique : La Curée est le récit d’un dépeçage. La curée symbolise l’époque de folie et de honte qu’est le Second Empire. Ainsi, après avoir dépecé la République, les comparses de Napoléon III s’en partagent les restes fumants. Les entrepreneurs Saccard, Charrier et Mignon, tels des vautours, des oiseaux de proie affamés, se ruent sur Paris pour lui faire des « entailles » et lui ouvrir les veines « à coup de hache » (chapitre 2). Napoléon III lui-même dépèce de ses regards remplis de « lueurs fauves » le corps de Renée au bal des Tuileries tout comme Saccard, avec ses « tenailles », dégrafe le corsage de sa femme qui se retrouve « sans un lambeau » (chapitre 6). Titre programmatique dont Zola file les connotations tout au long du roman, La
Curée peint la fureur d’une époque où les « appétits de jouissance » se déchaînent.
La critique du Second Empire
Tout comme dans La Fortune des Rougon, La Curée observe avec minutie la toile de fond historique. Le premier volet des RougonMacquart racontait le « guet-apens du Coup d’Etat », le second relate l’épanouissement du Second Empire. Des travaux haussmanniens
(chapitres 1, 2 et 7) aux lieux de