L'énergie se manifeste au sein des scènes par la verve de Zazie, comme par sa propension à être perpétuellement en mouvement. Cela est poussé à son paroxysme lors de la scène de poursuite entre
Zazie et Trouscaillon. La sensation de dynamisme est également véhiculée par le montage, notamment par l'utilisation de faux raccords qui permettent d'effectuer des ellipses parfois spectaculaires. Louis Malle n'hé- site pas, notamment, à faire apparaître un personnage en un endroit, puis immédiatement après en un autre, sans que nous ne l'ayons vu se déplacer.
Plus largement, ici, tout est possible et surtout ce qui conduit à un absurde haut en couleur et poétique :
Louis Malle cherche manifestement à s'éloigner de tout réalisme. Son adaptation est dans l'ensemble extrêmement fidèle au roman : il en reprend les principaux thèmes (en en édulcorant légèrement certains : la pédophilie, l'homosexualité) et bien des dialogues.
Mais le cinéaste semble privilégier tout ce qui peut rattacher son film au burlesque cinématographique. Il joue sur différents registres comiques –comique de caractère, de situation, de geste, mais également de destruction– et sur des motifs qui ont fait leurs preuves notamment lors de l'âge d'or du burlesque muet
(1920-1930). Parmi ceux-ci : courses-poursuites, jets de projectiles, coups, chutes, explosions, destructions (d'objets comme de décors), bagarre collective, démultiplication d'un personnage (Zazie vue plusieurs fois dans un même espace), substitution d'un personnage par un autre, répétition d'une action (Gabriel se cognant la tête dans une cabine téléphonique), actions effectuées comme par magie (Zazie lance ses chaussures en l'air et les a immédiatement à ses pieds), situations absurdes (un musicien joue du violon avec un archet mais sans violon, Zazie trouve une perle dans une moule, un ours blanc se tient sur la tour Eiffel), objets détournés de leur fonction première
(bottine qui