A chacun ses gûts
« Un personnage de roman est simplifiée et construit. On peut le comprendre. Dans la vie réelle, les êtres vivants sont des énigmes dangereuses.
A mon avis la relation entre la construction, la simplification et l'imprévu, dans le cadre du problème du personnage met le romancier devant une alternative: ou bien le personnage est connu de l'auteur (il a un ou plusieurs modèles), et il l'imagine dans des situations qu'il n'a jamais rencontrées (c'est le roman picaresque), ou bien la situation est connue, voire banale et déjà familière au lecteur et l'énigme porte sur la manière dont le personnage va ressentir ce qui s'y passe (c'est le roman psychologique).
Du côté de don Quichotte le lecteur est invité à attendre ce qui va bien pouvoir arriver à celui-là qu'il connaît déjà. Du côté d'Anna Karénine, le lecteur est, au contraire, invité à mieux comprendre ce qui se dans la tête de personnages qu'il a déjà vu paraître extérieurement, et qui vont se trouver successivement dans des situations que les autres ont déjà vécues.
On peut passer d'une attitude à l'autre comme on marche en avançant un pied après l'autre, mais si on a un lecteur en tête, se demande ce qu'il attend maintenant de vous et ne veut pas qu'il vous lâche, il faut régler son pas sur ce qu'on imagine être le sien.
La réalité est foisonnante, inorganisée et donc incompréhensible.
Les personnes que nous y croisons nous sont souvent opaques et deviennent "dangereuses" par leur imprévisibilité. Ne pouvant accéder à leur nature profonde, nous sommes surpris de leurs réactions.
L'auteur de roman qui ne peut épuiser la réalité et qui doit conduire une intrigue est amené à choisir et à brosser un caractère (une psychologie) qui puisse être mis au service de cette intrigue, la faire progresser et l'expliquer.
Ainsi le héros romanesque traditionnel devient en principe "compréhensible", c'est-à-dire régi par des lignes de force. De plus le romancier par la