A propo des indigènes de la republique
Les initiateurs du texte connu sous le nom d’Appel des indigènes de la République n’avaient probablement pas envisagé de se retrouver au centre d’une telle polémique dans laquelle se sont engouffrés médias, intellectuels, formations politiques (y compris d’extrême gauche). Pour certains, ils n’étaient ni plus ni moins que le centre visible d’un vaste complot communautariste ; d’autres, sans nier la pertinence de telle ou telle revendication ont prudemment pris leur distances sous les prétextes les plus divers. D’autres enfin, dont nous sommes, même si telle ou telle formulation initiale de l’appel aurait pu être discutée, ont surtout voulu comprendre de quoi il s’agissait réellement et accompagner à leur façon une démarche qui questionne de façon assez profonde la société française. Annick Madec et Numa Murard étaient présents lors des premières manifestations publiques des indigènes et ils relatent ce qu’ils ont ressenti comme un énorme décalage entre ce que disent ces derniers et ce qu’on leur fait dire. Smaïn Laacher, pour sa part, sans hostilité ni caricature, propose une approche plus critique de la démarche de l’appel. François Gèze, enfin, y voit la poursuite d’un combat qui lui tient à cœur pour que se construise une histoire de la République qui n’occulte plus ses pages noires.
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MOUVEMENTS N°41
septembre-octobre 2005
À propos des indigènes de la République
PAR ANNICK MADEC* ET NUMA MURARD
Le savant et le politique : travaux pratiques
● Nanterre, le 16 avril 2005 Aujourd’hui doit avoir lieu, à l’Appel des indigènes de la République, la première rencontre des Assises de l’anticolonialisme post-colonial. Les portes de la Bourse du Travail où sont convoquées les Assises restent fermées à la suite d’une décision négative du bureau interfédéral de la CGT1. Les participants sont informés de la situation par les initiateurs des Assises, juchés sans porte-voix sur une palette de matériaux pour les