A quoi sert l'etat ?
A quoi sert l'Etat ?
« Je suis un amant fanatique de la liberté », affirme Bakounine au milieu du XIXème siècle, avant d'ajouter « non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l'Etat, mensonge éternel qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques uns fondé sur l'esclavage de tout le monde ».
La critique bakouninienne semble concentrer les différents reproches attribués historiquement à la forme Etatique. Celle-ci, artificielle et récente sur le plan historique, est perçue comme mensongère car, tout en se présentant comme instrument de libération et de protection de la société civile, du peuple réuni, se traduit en réalité comme un instrument de domination de la partie - celle des classes dirigeantes- sur le tout, les gouvernés. Une critique ancienne et déjà exprimée avec force dans le célèbre Ainsi parlait Zarathoustra Nietzschéen: « L'Etat, c'est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe dans sa bouche: « Moi, l'Etat, je suis le peuple ».
Alors, à quoi peut donc être voué cet Etat dont l'existence semble contingente et nuisible à la société sinon à une disparition annoncée par Marx comme une véritable fin de l'histoire et du politique?
L'Etat, au delà de sa définition formelle « un territoire, un peuple et un pouvoir souverain », peut surtout être cerné à travers son étymologie. Du latin « statere », « tenir debout », il est l'organe permettant d'encadrer les rapports humains, de les canaliser, à travers un pouvoir transcendant gouvernants comme gouvernés.
Ce « Dieu mortel » servirait alors (du latin servire: être dévoué, être esclave ») le bénéfice de la société qui sans cela serait déchirée par la violence et le chaos. En soumettant l'homme et ses appétits à une force extérieure et omnipotente, l'Etat-Leviathan parviendrait à réguler la violence du singulier à créer une société unie – même si cela ne peut être