E.wiesel et j.semprun
Ils se croisent en 1945, anonymes parmi les anonymes, dans le troupeau des condamnés du camp de concentration nazi de Buchenwald. Et ils se retrouvent en 1995 -un demi-siècle plus tard donc- pour parler, faire une espèce de bilan et d'en tirer quelques lignes de conduite qui font qu'au moins, la vérité qu'ils portent en eux soit dite.
Entre ces deux époques, il y eut une brève rencontre qu'évoque Jorge Semprun dans son livre de souvenirs sur son ami Montant intitulé Montand la vie continue : Jorge Semprun est à New York en septembre 1982, accompagnant Yves Montand en tournée. Le journaliste Marc Kravetz s'y trouvait aussi, qui venait d'interviewer Simone Signoret, article qui parut dans Le Matin de Paris, interviewa également Montand et les présenta à Élie Wiesel que Semprun « ne connaissait pas personnellement. » « Je le visitais une fois, ajoute-t-il, avec Simone (Signoret) et Colette, celle-ci (la femme de Semprun) étant venue nous rejoindre à New York. Et puis une deuxième fois le dimanche 12 septembre 1982, avec Simone seulement, ma femme étant regagné Paris. [...] De Buchenwald à ce dimanche new-yorkais, en passant par nos visions d'Israël, nos vies avaient cheminées sans se croiser, nouées pourtant autour d'expériences comparables. Si tant est qu'on puisse comparer l'expérience d'un ancien déporté juif comme Wiesel à n'importe quelle autre expérience de notre époque. »
« Quelques semaines plus tard, ajoute-t-il en conclusion, à Los Angeles le 20 octobre et à Tokyo les jours suivants, j'ai pourtant longuement évoqué avec Montand lui-même les conversations que nous avions eues avec Élie Wiesel.