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La condition féminine au 18ème siècle
Des hommes et des femmes ont fait naufrage sur une île déserte. Les hommes sont sur le point d'établir une constitution quand les femmes interviennent... ARTHÉNICE. - Messieurs, daignez répondre à notre question; vous allez faire des règlements pour la république, n'y travaillerons-nous pas de concert1 ? À quoi nous destinez-vous là-dessus? HERMOCRATE. - À rien, comme à l'ordinaire. UN AUTRE HOMME. - C'est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison: on ne saurait vous ôter cela, c'est votre lot. MADAME SORBIN. - Est-ce là votre dernier mot? Battez tambour; (Et à Lina.) et vous, allez afficher l'ordonnance à cet arbre. On bat le tambour et Lina affiche. HERMOCRATE. - Mais qu'est-ce que c'est que cette mauvaise plaisanterie-là? Parlez-leur donc, seigneur Timagène, sachez de quoi il est question. TIMAGÈNE. - Voulez-vous bien vous expliquer, Madame? MADAME SORBIN. - Lisez l’affiche, l'explication y est. ARTHÉNICE. - Elle vous apprendra que nous voulons nous mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de judicature2 et d'épée. HERMOCRATE. - D'épée, Madame? ARTHÉNICE. - Oui d'épée, Monsieur; sachez que jusqu'ici nous n’avons été poltronnes que par éducation. MADAME SORBIN. - Mort de ma vie! qu'on nous donne des armes, nous serons plus méchantes que vous; je veux que dans un mois, nous maniions le pistolet comme un éventail: je tirai ces jours passés sur un perroquet, moi qui vous parle. ARTHÉNICE. - Il n'y a que l'habitude à tout. MADAME SORBIN. - De même qu'au Palais à tenir l’audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine ou Avocate. UN HOMME. - Des femmes avocates? MADAME SORBIN. -Tenez donc, c'est que nous n'avons pas la langue assez bien pendue, n'est-ce pas? ARTHÉNICE. - Je pense qu'on ne nous disputera pas le don de la