j'en aimarre point comme
1 - Un poème d’amour, visuel et musical
2 - L’illusion lyrique de Bérénice
1) La déification de Vespasien et la cérémonie nocturne à laquelle elle a donné lieu exaltent Bérénice qui, dans un même chant d’admiration, superpose l’image du nouvel empereur, son amant, à celle de son père et des fastes qui ont entouré son apothéose. - La description émerveillée à laquelle elle se laisse aller comme en un rêve, s’ordonne à la fois comme un tableau et comme une page musicale. Inspiré par la peinture de son époque et inspirateur, en retour, des peintres, Racine aime à brosser de somptueux tableaux au cœur de ses tragédies. Musicien du vers, il accorde une place égale à la sonorité et au rythme de sa prosodie. - Le tableau tient son pouvoir d’évocation de la lumière irradiante qui l’incendie et embrase le cœur et les sens de la femme éblouie :
De cette nuit, Phénice,-as-tu vu la splendeur (301)
La nuit enflammée (303), n’est que rougeoiement de flambeaux, de bûcher, de pourpre et d’or. Le statisme d’une telle cérémonie est transcendé par le regard, qui vole de splendeur en éblouissement, de flammes en aigles impériaux, de faisceaux (haches ornées de branches tressées, symbole du pouvoir) en lauriers. Le cœur de ce tableau se situe au point de convergence des mille et un regards « avides » fixés sur Titus, ainsi désigné comme centre emblématique du tableau et, partant, de l’univers. Comme un astre, le nouvel empereur se détache sur le ciel de la nuit. Son éclat n’est pas seulement lié à son accession au pouvoir suprême : il est inné. Fût-il d’origines plus « obscures » (315) - terme antithétique de ceux exaltant l’éclat de Titus - que son ascendant sur le monde eût été immédiatement évident :« Le monde en le voyant eût reconnu son maître ».
Ce vers sera d’ailleurs appliqué à Louis XIV, le Roi Soleil, et l’assimilation est aisée. La force du pouvoir de droit divin tient pour une bonne part dans le