L'albatros
Il faudra rappeler brièvement, en introduction, la vie de Baudelaire mais surtout la genèse des FdM, le sens du titre et l’architecture particulière qui construit ce recueil. « L’Albatros » appartient à la première section intitulée « Spleen et idéal » : la 1ère partie commence en fait par l’idéal développé selon un cycle de l’art (grandeur du poète élu I à VI ; misère du poète VII à XIV ; idéal de beauté XVII à XXI).
Poème constitué de 4 quatrains d’alexandrins, respectant l’alternance rimes masculines / rimes féminines.
Selon les critiques différentes sources sont possibles dans ce qui paraît d’abord comme une scène maritime : souvenir d’un voyage à La Réunion en 1841, influence de Poe (Les Aventures d’Arthur Gordon Pym avec la description de la vie d’équipage), rapport à Honfleur où vivait Baudelaire au moment où le poème a été écrit.
Néanmoins la construction même du poème autour du vers 13 comme pivot nous invite à dépasser la simple anecdote. « L’Albatros » s’explique avant tout par le malaise du poète, la difficultés qu’il ressent, entre malédiction et bénédiction.
Il faudra donc s’interroger sur ce passage du récit au symbole en ce sens où « L’Albatros » est une allégorie du poète. Autrement dit, analyser d’abord le récit pathétique relatant la capture de l’oiseau par les marins qui s’en moquent, et déchiffrer ensuite le sens de l’analogie mise en place par Baudelaire.
Un récit pathétique
1. Le cadre spatio-temporel
L’adverbe de temps « Souvent » (v.1) mis en valeur à l’ouverture du poème nous fait entrer dans le cadre d’un récit à caractère à la fois anecdotique et habituel (sens de « souvent ») que reprennent et confirment les verbes au présent de répétition « Prennent » (v.2), « suivent » (v.3), « Laissent » (v.7) etc.
Cette narration correspond à une scène de la vie en mer comme le montre la présence de l’isotopie maritime : « hommes d’équipage » v.1, « albatros » v.2, « oiseaux des mers » v.2, «