L'alchimie dans la littérature éphémère de la renaissance : l'exemple de maître guillaume, fou de henri iv et de louis xiii.
Renan CROUVIZIER
Renan.crouvizier@laposte.net
doctorant en histoire (CESR)
La littérature éphémère de la Renaissance, "balivernes" et "coüonneries" comme disait Pierre de l'Estoile, se caractérise par une production matériellement médiocre de quelques feuillets échappant au circuit officiellement contrôlé, et vendue dans la rue pour une somme modique. Destinée à la consommation rapide plus qu'à la conservation, cette littérature de l'instant n'en est pas moins extrêmement importante pour l'historien des mentalités, dans la mesure où elle constitue un bon marqueur de l'opinion publique urbaine. Si les satires politiques et les chroniques de cour plus ou moins scabreuses occupent la plus grande place, on y retrouve aussi la plupart des préoccupations de l'époque, et notamment des textes abordant le thème de l'alchimie. Citons par exemple un texte très peu connu intitulé La Ruine des souffleurs et alchimistes de nostre Temps. Avec des receptes infallibles, pour la vraye Pierre Philosophale paru en 1612, où l'auteur, anonyme, appelle les alchimistes à la raison, en leur indiquant que «La plus belle transmutation qui soit au monde, c'est de transmuer l'oysiveté en travail […]». Le texte sur lequel cette communication veut insister est intitulé La pierre philosophale de Maistre Guillaume, paru vers 1614. Fou en titre d'office sous Henri IV puis Louis XIII, Maistre Guillaume, de son vrai nom Guillaume Marchand, fut comme les fous de son temps "homme du peuple au milieu de la cour, et messager de la cour parmi le peuple" (Maurice Lever). Plus de 200 textes ont circulés sous le nom de maître Guillaume, qu'il a en partie vendus lui-même quand bien il ne les avait pas tous écrit. La pierre philosophale paraît cependant authentique. Ce texte, écrit sur un mode réaliste, décrit le milieu des alchimistes, utilise leur vocabulaire,