L'anorexie est-elle socialement orientée?
«Devenir anorexique : La découverte », Muriel Darmon, 2003.
L’anorexie est, du point de vue strictement médical, une maladie pouvant être chronique, et entrainant une perte d’appétit. Etymologiquement, le mot anorexie veut d’ailleurs dire « absence d’appétit en grec ancien. Mais cette pathologie a un sens beaucoup plus profond, elle en vient en réponse d’un certain malaise social, et ce, en imposant des transformations personnelles dans les deux grands domaines humains : le corps et l’esprit. Nous allons voir comment l’anorexie est en fait un travail de soi socialement orienté.
Une sorte d’élévation sociale peut se traduire dans l’anorexie, du fait que les personnes atteintes se mettent à renier tout aliment gras, lourd, nourrissant au profit de nourriture saine, raffinée , exotique ; typiques des classes supérieures contrairement aux nourritures grasses populaires. On assiste donc à une transformation sociale des gouts alimentaires.
Il ne faut pas confondre ce changement avec une simple évolution qui serait le passage de l’adolescence à l’âge adulte car dans ces cas précis, le changement ne se fait pas spontanément mais est volontaire. D’autant plus que les personnes touchées affirment laisser quasiment à chaque repas des aliments dans leur assiettes qui finiront forcément à la poubelle, ce qui est l’exact opposé des pratiques ouvrières alimentaires étudiées par O. Schwartz, qui montre d’ailleurs que l’homme pense la nourriture comme un droit acquis, et appuie cette idée en prenant pour exemple la difficulté d’effectuer un régime. Ce serait comme changer de look vestimentaire afin d’avoir l’impression, ou en tout cas de la donner, d’appartenir à une autre classe sociale, plus élevée.
On retrouve également dans cette maladie des personnes s’obligeant à être dégouter d’un aliment (ex hamburger alors qu’il ou elle adorait par le passé). Les sensations liées