L'antihéros de voyage au bout de la nuit
A l'image de Don Quichotte, de Lazarillo de Tormes ou encore de Frédéric Moreau dans « L'éducation sentimentale » de Flaubert, Ferdinand Bardamu est l'antihéros du « Voyage au bout de la nuit ».
Bardamu ne correspond pas aux caractéristiques du héros tel que nous l'avons hérité de l'Antiquité. Selon les cultures, un héros est un demi-dieu, un personnage légendaire, un idéal, un surhomme ou simplement une personne courageuse.
Bardamu, lui, ne possède pas de qualités particulières. C'est un homme banal, ordinaire, qui subit les événements. Il n'a pas de comportement héroïque, et cherche le plus souvent à éviter les difficultés qu'à les affronter.
Il a été entraîné malgré lui dans toutes les péripéties de sa vie. Dès le début du roman, il se retrouve plongé dans une situation particulière, par un concours de circonstance, alors qu'il n'avait rien demandé à personne : « ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. ». Il ne décide donc pas de s'engager dans l'armée, de faire preuve de patriotisme, d'héroïsme ; il se voit contraint de prendre part.
Dégouté par la stupidité, la vanité, l'inutilité et la cruauté de la guerre, il va tout mettre en œuvre pour quitter le front et n'y plus revenir. C'est à partir de ce moment qu'il commence à prôner la lâcheté comme moyen de survie. En effet, tout au long de son périple, Bardamu est animé par la lâcheté : il déserte de la guerre, il fuit ses responsabilités aux colonies, il quitte son emploi chez Ford, il réclame de l'argent à ses connaissances établies aux États-Unis, il feint d'ignorer la tentative de meurtre de la mère Henrouille...
Bien souvent, Bardamu se contente du rôle de spectateur. A l'inverse du héros, il ne prend pas position pour défendre une cause ou ne met pas tout en œuvre pour sauver des vies : Lorsque Robinson lui fait part de son intention d'assassiner la mère Henrouille, Bardamu ne cherche