L'arbre des voyelles
L’œuvre prenant ainsi une dimension prémonitoire inattendue, se présente sous la forme d’une installation d’une sculpture monumentale de bronze d’un chêne couché de 30 mètres de longueur environ, dans un jardin intitulé le « Bosquet du vase » (ill.2).
Ce jardin fait partie de l’ensemble du grand jardin des Tuileries dont le réaménagement fut programmé par le Ministère de la Culture, de 1992 à 1997. Le volet paysager de cette intervention prévoyait notamment, l’implantation de 14 sculptures contemporaines (ill. 3). L’œuvre de Penone répond donc à une commande publique de l’Etat français.
Elément de contraste avec la rigueur géométrique des jardins environnants, l’Arbre des voyelles évoque le chaos et son horizontalité tranche avec le reste des plantations(ill. 1). Le choix des plantes et des essences permet à ce que l’écrin végétal de l’œuvre soit toujours tenu au fil des saisons, les espèces plantées ayant des rythmes de croissance différents. L’œuvre apparaît donc pérenne tout en changeant régulièrement d’aspect.
Les racines de l’arbre forment des signes laissés à l’interprétation de chacun, parmi lesquels on peut distinguer un ensemble de cinq voyelles dont l’interprétation peut renvoyer à l’alphabet sacré des druides, chacune désignant l’initiale d’un arbre ou d’un arbuste (ill.4). Les lettres (A, O, U, E, I) font écho aux cinq branches de l’arbre de bronze en contact avec le sol d’où semblent rejaillir cinq (vrais) jeunes arbres, symbolisant le cycle naturel : un arbre meurt tandis que les graines tombées au sol avec lui, redonnent la vie. Un chêne, un aulne, un peuplier, un frêne et un if ont ainsi été plantés aux différents points de contact de ces cinq branches (ill.