Les insuffisances qu’a connues l’époque, aujourd’hui révolue, où l’argent n’existait pas ont conduit les hommes à repenser le monde et à doté la société d’un système monétaire. Sa création fait alors de l’argent le seul moyen d’assurer l’équité des échanges. Toutefois depuis son avènement, de nombreux mouvements utopistes ne cessent de revendiquer un monde sans argent, c’est donc que cet « outil de communication » n’est pas infaillible et qu’il a eu des conséquences répréhensibles sur le fonctionnement de la société, comme par exemple l’exacerbation des inégalités. Il est donc légitime d’affirmer que l’argent est, certes, le plus inadéquat mais aussi le plus adéquat des objets de convoitise. Dans sa formulation impersonnelle, cette affirmation suppose que par définition, l’argent est un objet recherché et désiré de tous. Cependant on ne désir une chose et on n’a d’intérêt pour elle que dans une finalité précise. Ainsi l’argent offrirait-il des avantages absolus, serait-il alors tout puissant ? Afin de répondre à cette interrogation, il faut s’intéresser de plus prés à l’assertion qui est fondamentalement paradoxale puisqu’elle présente l’argent à la fois comme quelque chose d’adéquat et d’inadéquat. Néanmoins ce paradoxe est loin d’être absurde. En effet sur plusieurs plans, l’argent présente des avantages dans la société dans laquelle nous vivons ainsi que des défauts. Sur un plan pratique, il est le moyen par excellence d’objectiver les échanges, mais il les rend impersonnels et ne peut pas tout acquérir. Sur un plan moral, il est à la fois un outil inerte et neutre mais générateur de vices. Outre cette dualité de l’argent, le mot objet le qualifiant s’oppose au terme « sujet », il renvoie donc à sa fonction de moyen. Dans son rapport à l’argent, c’est l’homme le sujet, et l’argent n’est qu’un outil passif ! Mais lorsque l’homme domine parfaitement un outil tel que l’argent, ne tient-il pas aussi fermement les rennes de sa vie ? N’est-il pas ainsi