L'art gothique
* Brève introduction historiographique : Tout d'abord , en ce qui concerne le mot « gothique » , rappelons qu'il faut être prudent lorsqu'on se réfère à des concepts historiques , qui peuvent être difficiles à identifier et à analyser. Paul Veyne , prestigieux historien de l'art et intellectuel des années 70, dans Comment on écrit l'histoire : « Ce sont d'étranges outils que les concepts historiques , ils permettent de comprendre parce qu'ils sont riches d'un sens qui déborde toute définition possible ; pour la même raison , ils sont une incitation perpétuelle au contresens . » Un concept est un outil qui sert à classer , à analyser des données … par conséquent , il peut aussi être perçu comme une sorte de « mot- valise ». C'est une des raisons pour laquelle l'histoire de l'art est indissociable de l'historiographie*. Il y a nécessité pour l'historien de l'art d'associer les concepts à des phasages chronologiques , auxquels vont s’ajouter d’autres concepts plus nuancés. Cela permet d'éviter la confusion et de souligner la spécificité de chaque mouvement ...car la chronologie est concrète et interchangeable ≠ des concepts , plus difficiles à cerner et auxquels vont s'ajouter d'autres concepts plus nuancés . Le terme gothique est né au XVIe siècle , époque où l'on commence à distinguer les créations passées des créations contemporaines, où l'on s'attache pour la première fois à prendre en compte les différentes étapes qui constituent l'Histoire. Ainsi à la Renaissance , on identifie l'Antiquité comme une époque bien antérieure et différente . Bien-sûr les dates servant à délimiter un changement, une époque, sont toujours ± arbitraires . Pour ces hommes , le gothique est une production qui marque des siècles de décadence , cependant de la chute de l'Empire romain jusqu'au Ve siècle ap. JC celle-ci est encore bien ancrée dans la romanité . Après cette époque , elle tend peu à peu à « dépérir », prenant une allure vue comme « barbare » , « allamande »,