L’ère du vide. Essais sur l’individualisme contemporain. Gilles Lipovetsky I/L’auteur II/ L’ouvrage Gilles Lipovestskydresse ici un diatribe véhément de la société de la fin du XXème siècle, dans laquelle l’indifférence a succédé à l’autorité et la discipline. En effet, l’ouvrage du philosophe s’articule autour de ce concept : il passe au peigne fin chacune des attitudes, chacun des comportements de l’individu, pour en arriver à la conclusion qu’aucun domaine des relations sociales n’échappe à une apathie généralisée, un repli sur la sphère privée qui vient confirmer et dépasser les thèses tocquevillienne. _« La prophétie tocquevilienne trouve son accomplissement dans le narcissisme postmoderne » _ Ainsi l’ère du vide désigne la fin des idéologies, le vide des idées : « Plus aucune idéologie politique n’est capable d’enflammer les foules, la société postmoderne n’a plus d’idole ni de tabou, plus d’image glorieuse d’elle même, plus de projet historique mobilisateur, c’est désormais le vide qui nous régit » Il s’agit d’une ère dans laquelle la bulle où se renferme l’individu devient totalement imperméable à toute sollicitation ou participation de la sphère publique. Le désintérêt de la collectivité, la volonté de ramener sa vie à sa vie, l’exacerbation de la sexualité, des loisirs, d’un hédonisme débridé se fait au détriment del’intérêt général. Partant, ce ne sont plus les individus qui doivent s’adapter à des normes imposées et coercitives, ce sont les institutions qui doivent légiférer en fonction des intérêts particuliers. Ainsi seront établies des normes qui ne sont plus générales, et qui nécessitent de nombreuses négociations avant que la personne, placée au centre de tout, sacralisée au point que la violence de l’Etat perd de sa légitimité, daigne appliquer des règles qui lui conviennent. Cet individualisme devient narcissisme, en ce que l’individu, ainsi que son corps, font l’objet de la plus grande attention. Toute forme de