L'histoire peut elle nous servir de mémoire ?
« Avis aux grands de ce monde : peu importe ce que vous accomplirez, la seule façon de vous inscrire dans l'Histoire, c'est de vous trouver un bon biographe ». Cette citation de Bernard Werber, écrivain contemporain français, attire notre attention sur ce qu’est l’Histoire. Ainsi comme le propose cet auteur elle ne serait qu’un bon récit, bien écrit et argumenté. Il suffirait pour entrer dans « l’Histoire » de savoir se faire contempler. Mais cet extrait du Cycle des Anges révèle surtout une confusion entre différents termes. Ainsi, on oublie les différences entre la discipline de l’Histoire, le récit historique et la mémoire.
L’histoire a diverses définitions différentes qu’il convient de ne pas mélanger. La langue allemande use d’ailleurs, de deux termes. Die Geschichte qui désigne le devenir historique lui-même, comme ensemble d'événements et der Historie qui définie la connaissance du passé que l'historien essaie de constituer. La première signification pose le problème du sens et de la finalité de l'histoire ; la seconde, celui de la scientificité de la discipline de l'historien. Enfin, la mémoire est la faculté de l’être vivant de conserver l’empreinte ou la trace de son passé, et d’éventuellement de s’y référer pour se créer une identité.
Si dans sa forme traditionnelle l’histoire a d’abord été une « histoire-mémoire » destinée à favoriser la cohésion nationale et parfois à légitimer le pouvoir en place, qu’en est-il avec la création d’une Histoire soucieuse de se constituer selon une norme d’objectivité ? L’Histoire et la mémoire ne sont-elles pas conduites à se diviser ? D’autant plus que l’on se doit désormais de parler de société, c'est-à-dire d’un ensemble hétérogène de personnes ayant des passés différents et donc des mémoires différenciées voire antagonistes ? L’Histoire peut elle alors nous servir de mémoire ?
Pour pouvoir répondre à toutes ces interrogations,