L'ile des esclaves
Réutilisant le couple traditionnel maître-valet, Marivaux se livre à deux exercices concomitants : le laboratoire utopique et la comédie de mœurs. Il joue également sur deux registres, le comique et le pathétique. Ces dualités assumées donnent à la pièce son caractère onirique qui permet de mieux faire accepter la critique très novatrice pour l’époque. En effet Marivaux aborde l’aliénation sociale et l’exclusion. Nous pouvons imaginer le choc que durent vivre les spectateurs d’alors devant cette inacceptable invitation à échanger les rôles sociaux, alors même qu’ils refusaient la présence des domestiques en livrée dans l’enceinte théâtrale.
Résumé de l’œuvre
La farce
Scène 1 : À la suite d’une fortune de mer, Iphicrate, noble Athénien, et son domestique Arlequin échouent sur une île qui se trouve être le refuge d’anciens esclaves révoltés. En ces lieux, les maîtres sont voués à devenir les serviteurs de leurs anciens laquais. À cette nouvelle, Arlequin se montre insolent, tutoie son seigneur et refuse de lui obéir, tandis qu’Iphicrate se lamente sur son sort et veut punir les écarts de son valet par un coup d’épée.
Scène 2 : Survient Trivelin qui fait désarmer Iphicrate. Le maître des lieux apprend aux nouveaux arrivants quels sont les lois et le projet de l’île. Cette terre est destinée à humaniser les anciens maîtres. En leur faisant revêtir la condition servile, elle leur donne l’occasion de prendre conscience des avanies qu’ils ont fait