L'illustration, barbu écrivant dans une tranchée
1. Nature de l’oeuvre : C’est un dessin en N&B paru dans un magazine hebdomadaire français, “L’Illustration”. Ce magazine (1843-1944) a été le premier à publier en 1891 une photographie en N&B, et en 1907 une photographie couleur. De par son nom même, ce journal affirme l’importance qu’il accorde à ses illustrations, à ce que celles-ci relaient au lecteur en termes d’information et à leur pouvoir d’évocation. 2. Situer l’oeuvre dans le temps : parution du dessin dans le numéro du 13 février 1915. C’est le début de la guerre des tranchées. La guerre de mouvement s’arrête autour de novembre 1914 ; un large front s’étend de la Suisse à la mer du Nord. Les armées s’enterrent... Les conditions de vie à l’intérieur des tranchées sont extrêmement difficiles en cet hiver 1914-15, et les armées, qui n’étaient pas préparées à elles, en pâtissent terriblement. Les soldats s’adaptent comme ils peuvent, tandis que chacun espère une résolution rapide du conflit. 3. Analyse de l’oeuvre : le tableau qui est fait de la situation est complexe, et sont mêlés ici le sentiment d’embourbement dans lequel se trouvent les soldats, la menace sourde de la mort partout présente, et un espoir diffus de voir le bout du tunnel et la fin des combats. Ainsi, l’observateur du dessin est plongé au coeur d’une tranchée de poilus (soldats français) : le point de vue est celui d’un homme assis au fond de la tranchée, et qui fait face au goulot déployé par celle-ci dans la terre. Le point de fuite permet de donner un effet de perspective vertigineux, le boyau semblant se poursuivre sans fin derrière l’ombre d’un soldat debout à l’arrière-plan, en ombre chinoise, qui bouche l’horizon : ici se manifeste de façon métaphorique la difficulté des hommes à se projeter plus loin, vers un avenir meilleur symbolisé par la source de lumière à distance (soleil couchant figurant l’atmosphère crépusculaire de la lande dévastée alentour, et annonçant la nuit