"Le fascisme est né de la première guerre mondiale et de la jeune génération des tranchées qui voulut exercer son droit à commander dans la paix comme elle l'avait fait dans la guerre". Comme l'écrivait Dominique Venner au sein de son article "Le squadrisme et la genèse du fascisme", paru dans La Nouvelle Revue d'Histoire de mai-juin 2003, le régime fasciste de l'Italie des années vingt et trente est né de ce que l'on appelle la victoire mutilée. Derrière ce terme se cache la conviction, chez les nationalistes et les anciens combattants italiens, que l'Italie n'a pas reçu une récompense suffisante pour sa participation à la victoire de l'Entente au cours de la Première Guerre Mondiale. En effet, le traité de Versailles (1919) ne valide pas les promesses territoriales faites à l'Italie au cours du traité de Londres (1915). Dés lors, le thème de la victoire mutilée devient un des principaux thèmes de la propagande et des revendications du fascisme, ce régime politique aux accents nouveaux. Benito Mussolini en sera le moteur, arrivant au pouvoir le 30 octobre 1922. Si le régime fasciste n'est pas immédiatement mis en place, la dictature est effective au cours de l'année 1925, durant laquelle apparaissent une série de mesures qui font de l'Italie de l'époque un État à part, que l'on définira plus tard de totalitaire (le totalitarisme étant un concept qui est apparu durant l'entre-deux-guerres, introduit par la philosophe Hannah Arendt). Mais qu'est-ce que le totalitarisme, sinon une idéologie collective imposée à tous où l'individualisme n'y a pas sa place, illustrée par la fameuse citation d'Il Duce (le chef, ou le guide en version française) : "Tout dans l'État, rien contre l'État, rien hors de l'État" ? L'Italie fasciste, malgré son parti unique, son refus de l'opposition et l'emploi de la terreur peut-elle être considérée comme étant un État totalitaire ? C'est ce que nous allons tenter d'éclaircir, en démontrant dans un premier temps comment l'Italie a pris les