L'éducation dans gargantua
Introduction :
L’éducation est un des sujets qui ont le plus intéressé les humanistes. Dans les années qui ont précédé ou suivi la publication de Gargantua, de nombreux ouvrages ont été publiés sur ce sujet. On peut citer par exemple Érasme (1467 ou 1469 - 1540), De ratione studii, 1512, Guillaume Budé (1467 – 1536), De studio litterarum recte et commode instituendo, 1527 et 1533. Il faut noter que c’est le verbe « instituer » que l’on emploie et non éduquer. On parlera donc de « l’institution des enfants. »
Les humanistes reprochent à leurs prédécesseurs de fonder leur enseignement exclusivement sur la mémoire et sur l’apprentissage de procédés rhétoriques. Mais leur principal reproche, c’est de ne pas étudier les textes véritables mais des commentaires et des commentaires de commentaires. Ceci est vrai pour les textes bibliques ainsi que pour les textes d’auteurs de l’Antiquité grecque et latine.
Comme les humanistes de son temps, Rabelais a confiance dans la nature humaine et dans les progrès de la connaissance. Cette confiance amène à penser qu’une bonne éducation amènera le jeune garçon – l’éducation des filles n’est pas abordée – et particulièrement le jeune prince à développer ses qualités naturelles. C’est ce qu’affirme Grandgousier à propos de Gargantua : « … je congnois que son entendement participe de quelque divinité, tant je le voy agu, subtil, profund et serain. Et parviendra à degré souverain de sapience, s’il est bien institué », chap. XIV, p. 142.
Confronté à l’échec total de l’éducation chez les précepteurs chez lesquels il a d’abord placé son fils, Grangousier va le confier à Ponocrates qui emploie de nouvelles méthodes, fondées sur de tout autres principes. La grande originalité et la grande force de Rabelais consistent dans la confrontation de deux types d’éducation radicalement opposés. Il semble donc judicieux de confronter les chapitres XXI & XXII consacrés à l’éducation chez les « précepteurs sophistes »