L 'espoir
L’espoir est à première vue un sentiment des plus positifs : il repose sur la confiance tout en encourageant à agir tandis que son contraire, le désespoir, renvoie plutôt au pessimisme et à la passivité. On voit mal dans ces conditions ce que l’on pourrait condamner dans l’attitude de celui qui espère. Un optimiste a toujours l'espoir qu'une situation s'arrange mais je pense qu'un pessimiste c'est juste un optimiste qui a de l'expérience !
Nous espérons toujours, d’une manière ou d’une autre, ce qui va dans le sens de ce que nous croyons être notre intérêt individuel ou collectif, ou encore l’intérêt d’êtres qui revêtent pour nous de l’importance (ce qui peut aller jusqu’à l’humanité entière). Mais cela ne garantit en rien la légitimité de ce que nous espérons (par exemple une personne peut espérer la mort prochaine d’une autre dont elle a acheté le bien en viager…). D’autre part, comme tout sentiment, l’espoir se caractérise par l’absence de maîtrise que nous avons sur lui. Nous pouvons certes condamner l’un de nos espoirs qui nous semble, après réflexion, immoral, comme dans l’exemple précédent, mais pouvons-nous nous empêcher d’éprouver cet espoir ? En ce sens, même si l’espoir incite à l’action, nous sommes toujours passifs à l’égard de nos espoirs eux-mêmes, qui s’imposent à nous sans que nous puissions les provoquer, les modifier ou les supprimer. L'espoir est un désir qui porte sur ce qu'on n'a pas, c'est un désir qui manque de son objet.
Concernant plus précisément le fonctionnement de l’espoir, on peut remarquer qu’il repose toujours sur l’ignorance, notamment à l’égard de l’avenir. Ce que je nommais confiance au début de ma planche prend alors un aspect beaucoup moins enthousiasmant. Car si l’espoir peut se définir comme l’attente incertaine de la réalisation d’un bien à venir (ou de la non-réalisation d’un mal à venir), il s’accompagne inévitablement du sentiment opposé ou plus précisément symétrique, à savoir la crainte, c'est-à-dire