L'art est-il un moyen de connaitre
En 1945, à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale Primo Levi a été chargé d’écrire un rapport technique sur les conditions de vie dans les camps. Ceci a été le travail préliminaire à l’élaboration du livre Si c’est un homme, qui permet donc à travers un récit d’un auteur au style étonnamment plat, de connaître les conditions de vie des camps de concentrations nazis. D’ou cette question l’art est-il un moyen de connaître ? Cela suppose qu’il permettrait de connaître quelque chose : la réalité, soi-même ou autre chose et dans quelle mesures ? Dès lors on peut se demander si l’art permet un accès à l’invisible ou l’indicible ? Ensuite, n’y a-t-il un danger à réduire l’art à un moyen de connaissance ? Comment alors définir le rôle de l’art ?
I.
Selon Bergson dans Le Rire, les artistes n’existeraient pas si nous pouvions avoir accès directement à la réalité. L’artiste est en quelque sorte un médiateur entre le public et le réel. Il enlève un voile qui nous cache à nous et à notre conscience cette réalité. Nous ne voyons que ce qui est à la surface, seulement ce qu’il appelle une « simplification pratique ». L’art sert à éloigner des généralités conventionnellement et socialement acceptées, tous ce qui maquille la réalité, pour nous mettre face à face avec cette réalité. De cette façon, l’art nous permet de connaître l’invisible, par le biais d’un artiste
On peut se demander si l'art est capable d'atteindre la connaissance ou le réel alors qu'il ne fait que le représenter et donc en découle plus que le fait qu'il le révèle. Par exemple la métaphore: quand on parle de métaphore on sous entend souvent qu'elle n'est "qu'une métaphore", elle ne repose que sur un talent de la langue, sans que sa nature soit établie sur la nature réelle des choses. Et pourtant quand Proust parle des vagues avec vocabulaire montagneux dans A l'ombre des jeunes filles en fleur ("Ces cimes bleus qui n'ont de nom sur aucune