L'article Mort dans l'Encyclopédie
524 mots
3 pages
« MORT, s. m. (Médecine) la mort uniquement considérée sous le point de vûe qui nous concerne, ne doit être regardée que comme une cessation entiere des fonctions vitales[...] . En l'envisageant sous cet aspect, nous allons tâcher d'en détailler les phénomenes, les causes, les signes diagnostiques & prognostics, & d'exposer la méthode curative qui est couronnée par le succès le plus constant, & qui est la plus appropriée dans les différens genres de mort. La séparation de l'ame d'avec le corps, mystere peut-être plus incompréhensible que son union est un dogme théologique certifié par la Religion, & par conséquent incontestable ; mais nullement conforme aux lumieres de la raison, ni appuyé sur aucune observation de Médecine ainsi que nous n'en ferons aucune mention dans cet article purement médicinal, où nous nous bornerons à décrire les changemens qui arrivent au corps, & qui seuls tombant sous les sens, peuvent être apperçus par les médecins artistes sensuels, sensuales artifices. »
Ménuret de Chambaud, article « Mort (médecine) », Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des métiers, Neuchâtel, S. Faulche et Cie, 1765, t. X, p. 718. L’italique est dans le texte.
Le paragraphe ouvrant l'article "Mort (médecine)" de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert cristallise plusieurs enjeux essentiels du mouvement des Lumières : il pouvait difficilement en être autrement. Paru en 1765, écrit par l'un des grands collaborateurs médicaux de l'aventure encyclopédique, le montpelliérain Ménuret de Chambaud, le passage décline les valeurs et les attitudes caractéristiques des Lumières sur un sujet qui ne pouvait que constituer une pierre d’achoppement, condensant enjeux moraux, scientifiques et religieux : la mort. Dans un siècle où les gestes entourant la mort à l’époque baroque connaissent une crise palpable, l’approche systématique instaurée par les éditeurs de l’Encyclopédie conduisit au traitement de ce