L'ethnocentrisme chez Montaigne
Le XVIème siècle voit naître un courant humaniste qui a bouleversé les croyances et la foi en l’Homme : on s’éloigne de la superstition et ce mouvement se caractérise avant tout par une remise en cause des conceptions morales, politiques et religieuses du Moyen-Age. Montaigne, dans ses Essais, ne raconte pas sa vie mais ses sentiments ; le terme « essai » renvoie d’ailleurs à la notion d’expérience, c’est-à-dire qu’il nous tend un miroir de la condition humaine de l’époque, de ce qu’il a observé et vécu, sans visée pédagogique. Montaigne ne cherche pas à nous convaincre : la réflexion qu’il mène s’ouvre au questionnement de son lecteur.
Plus précisément, dans les chapitres « Des Coches » et « Des Cannibales », Montaigne explique sa perception et son ressenti par rapport aux civilisations indigènes que l’on nommait à l’époque « sauvages ».
En quoi la description des mœurs indigènes et des pratiques du Nouveau-Monde engendre-t-elle une réflexion sur les coutumes européennes du XVIème siècle ?
I) L’éloge des peuples indigènes
1. Une civilisation qui apparaît comme « fraîchement créée »
Dans les deux chapitres étudiés se trouvent de nombreuses allusions au vocabulaire du commencement et de l’enfance. Ainsi dans « Des Cannibales », Montaigne évoque les civilisations indigènes comme étant « encore fort voisines de leur naïveté originelle ». Cette nation ne connaît pas la science du nombre, ni la politique, ni les partages, les successions, la hiérarchie, la richesse ou la pauvreté : en cela elle serait moins « élaborée » et moins « civilisée » que les peuples européens de l’époque. Montaigne défend que ces connaissances et usages, qui font de l’Europe un monde soit disant civilisé, n’apportent en réalité que la tromperie, le mensonge, la jalousie, la trahison. En cela il rejoint l’idée de Platon, qu’il cite d’ailleurs dans son œuvre, selon laquelle les choses sont produites par la