L expérience combattante vue par un soldat français
J'ai reçu hier ton colis avec la marmelade et aujourd'hui celui avec les oranges et l'oeuf. Comme d'habitude j'ai été content au plus haut point, c'était l'unique chose qui m'a été apportée par la poste ce jour, car honteusement l'on espère quotidiennement recevoir quelque chose. Les gourmandises que je préfère sont tout d'abord les biscuits et les cakes, puis ensuite le chocolat, le massepain, le miel, les oranges et les bonbons acidulés.
Aujourd'hui je te joins à ma lettre quatre marks. J'ai envoyé à la maison des photos, vas-y pour les voir.
Fahlbusch se porte bien ainsi que les autres bonshommes. Tu me demandes ce que nous mangeons. Dans la semaine en moyenne deux fois de la soupe aux pois à la couenne de lard, deux fois du bouillon de riz sucré, une fois des haricots verts et une fois de la soupe de riz avec de la viande de boeuf. On mange à même le couvercle de notre casserole de fer, et j'ai toujours dans ma poche ma cuillère, juste essuyée à l'aide de papier. Tous les huit jours, je dors une fois sans mes bottes, tous les dix jours je change de chaussettes et je reçois ma solde de cinq marks trente. Je dors toujours habillé, les pieds enfoncés dans un sac, le manteau par dessus, puis recouvert d'une couverture de laine où je m'enfouis entièrement dessous. Pour nous asseoir, nous avons au mieux une caisse, mais le plus souvent rien du tout. Nous nous asseyons par terre, sur la paille. Dans notre groupe, nous allons chercher notre café dans une batterie de cuisine française, c'est très grand