L'impasse
La ressortie conjointe de Scarface et de L'Impasse, tous deux réalisés, à près de dix ans d'écart, par Brian De Palma, jette un éclairage singulier sur une certaine période du cinéma américain. Tous deux ont également en commun leur interprète principal, Al Pacino qui composa, à chaque fois, l'un de ses meilleurs rôles au cinéma. Et là aussi, entre, non seulement les personnages qu'il incarne à chaque fois mais aussi le style de jeu qu'il adopte, le comédien fait sentir un certain passage du temps.
notre enquête en trois volets sur l'héritage de Scarface dans la culture contemporaine
Scarface, en 1983, est le remake, maniéré et brechtien tout à la fois, d'un film réalisé par Howard Hawks et écrit par Ben Hecht en 1932. La relecture de ce classique se fait avec une conscience de soi désormais impossible à masquer. Tony Montana est un émigré cubain qui veut un morceau du rêve américain dont il se saisira avec brutalité. Mais c'est surtout un homme qui veut entrer à l'intérieur d'une image déjà existante, d'un pur modèle, un monde artificiel à l'intérieur duquel le réel n'opposerait plus aucune résistance à son désir.
De Palma ne fait ainsi jamais oublier que son Scarface est une représentation et son personnage une figure perdue au milieu d'une réalité en trompe l'œil, sensation perpétuellement rappelée par les nombreux moments où la conscience d'un spectacle en train de se dérouler sous nos yeux se trouve ravivée. A cette manière de