L’école « embarrassée » par la mixité

de Françoise Dubet, dans la revue française de pédagogie, N°171, 2010

Françoise Dubet commence son article par un rappel historique de la séparation des sexes en milieu scolaire avant les années 60. Elle explique qu’il s’agissait d’un modèle qui allait de soi. En effet, les destins des filles et des garçons ne pouvaient se recouvrir. Ce modèle correspondait aux mœurs de la société mais aussi au projet éducatif qui visait à construire l’école comme un sanctuaire protégé des passions et des intérêts de la société.
La mixité scolaire pose problème aujourd’hui alors qu’elle paraissait évidente à l’issue de la massification des années 60. Françoise Dubet considère qu’une partie des problèmes débattus à ce jour tient au fait que la co-éducation des filles et des garçons n’a jamais été véritablement perçue comme un enjeu éducatif.

La mixité a mis en évidence le fait que les filles et les garçons n’étaient pas parfaitement égaux sur le plan scolaire. En général, les filles ont de meilleurs résultats que les garçons. Cependant les succès féminins ont engendrés d’importantes conséquences sociales comme la diminution des naissances non souhaitées, l’augmentation du niveau d’emploi des femmes, … Françoise Dubet souligne, par ailleurs, que les écarts de résultats entre les sexes sont plus faibles que ceux qui distinguent les élèves définis par leur origine sociale.

Toutefois, il existe des paradoxes au succès féminin. Les filles ne convertissent pas leurs avantages scolaires dans les filières les plus efficaces et les plus prestigieuses, notamment dans les filières scientifiques, et surtout leurs diplômes sont bien moins rentables sur le marché du travail que ne le sont ceux des garçons.

Dès la fin du collège, les choix scolaires des filles et des garçons se distinguent très sensiblement, il existe une forte différenciation sexuelle des orientations scolaires.
Les filles se dirigent plus vers des filières littéraires et de