L’ambiguïté de la polygamie
Une si longue lettre est une sorte de compilation de la correspondance entre Ramatoulaye, une veuve qui se voit soustraire ses biens après le décès de son mari, et Aïssatou, son amie d’enfance et confidente. Le style d’écriture, c'est-à-dire un dialogue indirect entre les deux correspondantes à travers le médium de lettres, offre une omniprésence au lecteur qui lui donne l’impression que ces lettres lui sont également adressées. Ainsi, le lecteur se sent beaucoup plus concerné par la tragédie de ces femmes contraintes et révoltées.
Le sujet du livre est, au premier regard, une critique de la polygamie et des traditions islamiques qui détériorent les conditions féminines. Le malheur que Ramatoulaye nous décrit dans le roman est fermement lié à sa position de femme « secondaire » dans un mariage polygame, qu’elle considère déchu. Ce genre de mariage polygame est basé sur un système hautement patriarcal reposant sur des interprétations coraniques favorisant les hommes au détriment des femmes. Grâce au rituel islamique qui veut que la vie du mort soit révélée, les lettres écrites par Ramatoulaye exposent les défauts, aussi bien que les qualités de Modou, son défunt mari. Une description personnelle et profonde de la relation entre Modou et Ramatoulaye montre que le mariage musulman n’est pas du tout abusif, comme le pensent la plupart des gens. Malgré tout, la pratique de la polygamie est le facteur qui causera de sérieux